Le travail de Barbara P. est un savant mélange entre un regard inédit sur les corps en peinture et une explosion de couleur. Dans sa série XXX elle pose son regard sur nos intérieurs, nous invitant à prendre un peu de recul pour observer nos contradictions.

De la préparation de la toile aux temps de séchages, qui varient selon les couleurs mais aussi les saisons, la peinture est une pratique particulièrement longue. Chez Barbara P., elle s’installe sur la toile par de grands aplats d’abord. C’est d’ailleurs de la réserve, cette première sous-couche fine et laissée nue par endroits, que vient la lumière si caractéristique de son travail. Plus les couches se succèdent et s’épaississent, plus sa touche se resserre pour s’approcher des détails et creuser, doucement la profondeur du tableau.

Cette temporalité de la peinture donne à Barbara P. le temps de composer son regard autant que sa toile, de faire des pas de côtés, de prendre un peu de recul et de modeler sa vision tout en se posant à contre courant d’une société consumériste de plus en plus rapide.

Pour Barbara P., peindre c’est prendre le temps d’observer.
Avec cette série, elle pose justement son regard sur une de nos plus grandes contradictions du moment : celle d’abandonner, consciemment ou non, nos intimités. L’intimité de nos foyers, que l’on montre, que l’on affiche, que l’on présente, que l’on compare et celle de nos corps. Consciemment ou non, la société de la transparence nous atteint toutes et tous. Le regard de l’autre vient juger nos meubles, nos décorations, nos maisons autant que nos corps qui deviennent des objets comme les autres. Au point que nous devenons les témoins de nos propres reflets transformés par les retouches ou les pauses, et les acteurs de nos déformations.



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